Du pouvoir de l’écriture, de la peinture et de la sculpture pour apprivoiser, digérer, accepter des heures sombres.
Les mots qui me viennent en repensant aux 2 années passées tout comme la mise en forme du projet artistique permettent de prendre de la distance et donnent un sens à ces heures .
J’ai eu envie de détourner l’usage des boîtes en bois où mon père rangeait ses outils ; celles-ci sont en effet idéales si on les prend horizontalement pour y mettre des petites installations: un morceau d’un de mes tableaux sur papier recouvre le fond de la boîte, puis j’écris dessus quelques extraits de textes que j’affectionne particulièrement .
Devant ce bout de tableau sur le rebord de la boîte, des boules (pâte à modeler, papier) qu’on peut voir comme des baluchons-bagages symbolisant les semaines.
Les boules sont entourées de gaze, puis de raphia de différentes couleurs.
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«Je suis une créature émotive Je suis une créature émotive Eve Ensler «Monologues du vagin» |
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«Il suffit de poser le oui bien à plat devant soi, sur la table ou la page, peu importe, un oui en forme de fruit, de pas-grand-chose, bouquet de fleurs, d'éteules, miettes de nuages sur un buisson, grain de blé, brin d'herbe, un oui qui ne se voit pas, qui ne croit en rien d'autre que lui- même, décision simple, geste intérieur, comme aller au-devant, ouvrir grand les portes, les fenêtres, la phrase ensuite s'occupe du reste. Je cultive ce oui depuis mon enfance. On a tenté de me l'arracher De le recouvrir et de l'enfouir. Y renoncer, alors que je ne sais encore rien de lui, ni son nom ni sa forme, eût été m'aveugler du dedans, me crever les yeux de l'âme. Ce oui ne m'a jamais quitté. Je ne peux pas dire grand- chose à son sujet. II a parfois un visage de femme. D'autres fois, c'est un parfum. Une façon de marcher dans l'herbe, la campagne, le vide dans les poches.» Dominique Sampiero «L'idiot du voyage» |
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«Il faut parler aux anges ou même à Dieu, comme à ses parents, ses proches ou amis avec la bouche de pudeur et cendre» Dominique Sampiero «L’homme qui dit les mots avec sa bouche» |
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«L’âme .Elle a la luisance et la pesanteur de l’encre. Elle a cette densité noire, plus lumineuse que la lumière du jour.» Christian Bobin dans «Souveraineté du vide» |
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«Autrefois le rossignol ne chantait pas la nuit. Il avait un gentil filet de voix et s’en servait avec adresse du matin au soir, le printemps venu. Il se levait avec les camarades, dans l’aube grise et bleue et leur éveil effarouché secouait les hannetons endormis à l’envers des feuilles de lilas. Colette «Les vrilles de la vigne» |
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«Quand nous ne marcherons plus Jeanne Benameur «Notre nom est une île» |
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«…la mer cuirassée d’argent, le ciel bleu écru, les ruines couvertes de fleurs et la lumière à gros bouillons dans les amas de pierre.» Camus «Noces à Tipasa» |
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«Au printemps Tipasa est habitée par les dieux et les dieux parlent dans le soleil et l’odeur des absinthes» Camus «Noces à Tipasa» |
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«Je ne suis rien Jeanne Benameur «Comme on respire» |
Voici quelques liens vers d'autres sites d'artistes :
Le Chantier des Imparfaits
http://www.lechantierdesimparfaits.odexpo.com
Jean Hondré :
http://www.jean-hondre.odexpo.com
Jacquie Bedin :
http://www.jacquie-bedin.odexpo.com
Nathalie Boisliveau :
http://nataliartist.com
Christine Neuerburg :
http://christineneuerburg.de/
http://www.lechantierdesimparfaits.odexpo.com
Ensemble et seuls.
Des artistes, en Vendée, se retrouvent pour parler esquisses, toiles, papiers, couleurs, pigments, encre...
Parler, regarder le travail des autres, montrer le sien.
Travail déclenché par un texte, un mot choisi ensemble.
Ce texte les a nourris pendant des semaines.
Avec toute liberté de l’endosser avec enthousiasme, de le prendre au pied de la lettre, de le tordre, ou même de le rejeter.
Ils n’oublient pas non plus ces jours de rencontre, de goûter aux plaisirs de la table.
Ils repartent ensuite dans leur vie, dans leur atelier, pour explorer de nouvelles pistes de création, des chemins de traverse, attentifs aux détours proposés par les promenades des bords de mer, l’odeur des vagues et des lectures.
Le Chantier des Imparfaits :
Dans le mot chantier, il y a travail, élaboration, désordre, fouillis, bazar, construction.
Dans le mot imparfaits il y a parfaits mais... presque, pas encore, peut-être pas...
Le mot vient du grec « therapeutikos » qui veut dire « serviable, attentif, curatif ».
L'art thérapeute est donc à l'écoute de l'autre : que veut-il, de quoi a–t-il besoin, de quoi a-t-il envie ?
Il est là pour accompagner, être là, prendre soin de l'autre.
Je suis une artiste plasticienne, connais donc les mécanismes de la création, les bonheurs et les difficultés. J'anime des ateliers de peinture avec des personnes à déficience mentale. Celles-ci viennent librement à l'atelier, elles peuvent dessiner, peindre selon leur envie, leur rythme. Si elles le désirent, je les aide. Mon envie est de faire partager les joies d'exprimer, de construire, de traduire son monde en couleurs et formes, dans ces ateliers il n'est pas question de juger ni d'interpréter( ni psychologiquement, ni artistiquement).
Endroit de liberté, de calme pour pouvoir se concentrer sur soi et sa feuille.
L'hésitation, le « rien faire » sont permis. Sortir de « action/réaction ». Laisser chacun prendre le temps de faire ce qu'il peut faire à ce moment-là.
Emulation, complémentarité. Je propose, je tâtonne, j'accepte ce qui vient, ce qui ne vient pas.
Nous partons d'un récit que je lis à voix haute, parfois avec un des résidents.
Je choisis des récits connus de tous les âges, comme les contes. La beauté des illustrations leur sert de support pour se lancer ensuite avec les couleurs.
Exemple : l'opéra de W.A.Mozart "La Flûte enchantée" a servi de support à un travail d'un an qui a trouvé son aboutissement avec une belle exposition et un livre "La Flûte enchantée et autres récits".
Lire la présentation de l'exposition de Luçon